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Taroudant, belle et rebelle. Texte du Jardin des Epices, hôtel, chambres d'hôtes Taroudant

TAROUDANT  BELLE ET REBELLE

 

Tours et murailles font à la ville un bracelet
A petits pas trotte une mule chargée de raphia.
Ruelle où tout se vend ; couteaux, gâteaux,
Colliers, plateaux, petits pains cuits au four.
Ô rumeurs : les voix, les bruits des roues,
Le cri du coq sous la voute, l’écho.
Une femme en haïk bleu : à petits plis au bas du dos,
Le voile à peine levé dévoile la cheville et un soulier à talon noir et nu.
Déclin des lueurs, le soleil descend.
Arganiers, amandiers en fleurs, un acacia ?
Nuit de janvier fraîche : une étoile brille très haut, très loin.
Taroudant.

 

Pierre Lartigue, Écrivain.

 

 

 

Taroudant (il faut prononcer le t final et rouler le r pour une bonne prononciation !) est une ville de la vallée du Souss, au sud du Maroc, encadrée par le Haut-Atlas au nord et à l’est et l’Anti-Atlas au sud. C’est une vallée fertile, verdoyante malgré le manque de pluie et une sècheresse de plus en plus sévère.

 

Taroudant s’enorgueillit d’avoir sur sa province le plus haut sommet d’Afrique du Nord, le Mont Toubkal qui culmine à 4 167 mètres.

 

C’est une des villes les plus anciennes du Maroc bien qu’on ne puisse pas vraiment définir une date.

 

L'origine du nom berbère Taroudant est énigmatique , certaines légendes l'associent à une princesse syrienne qui s'est installée dans la région et qui portait le nom de "la Reine Roudana", d'autres l'expliquent par la phrase berbère "Taroua ddante" qui veut dire "Les enfants ont été emportés (par l'eau)" que cria une femme berbère qui faisait sa lessive au bord du fleuve quand les crues emportèrent ses enfants!

 

L’histoire de Taroudant est mouvementée. Au départ capitale Berbère, elle a été soumise par les Kalhifes musulmans puis passa sous domination Idrisside. Elle perdit son titre de capitale mais conserva une importance commerciale. Elle passa  ensuite aux mains des Almoravides qui la fortifièrent en construisant ses remparts, puis capitula devant les Almorades.  Puis virent les Mérinides, les Saadiens……. Et les Alaouites !!

 

Taroudant fut le lieu de résidence du Khalifa du Sultan qui appartenait à la dynastie des alaouites dont la famille royale actuelle est issue. La ville ayant de grandes ressources économiques et bénéficiant d’une situation stratégique entre le Haut Atlas et l’Anti-Atlas, le Khalifa tenta d’asseoir son indépendance vis-à-vis du pouvoir central.

 

S’ensuivirent de nouveaux sièges, de nouvelles guerres fratricides et Taroudant finit par perdre sa superbe stratégique et économique. Son opulence commerciale déclina en particulier avec l’effondrement de son activité sucrière. La renaissance de Taroudant se fit par l’agriculture et par ses artisans du textile, de la tannerie et du cuir.

 

Taroudant tire le principal de son économie de ses cultures d’agrumes, essentiellement oranges et clémentines, de l’huile d’argan dont la région est riche, de la production d’huile d’olive et de son artisanat, particulièrement le travail du cuir, dont les sandales de Taroudant en sont le fleuron. Taroudant est dotée d’une zone industrielle à environ 10 km de la ville, sur la commune Aït Yazza. Elle abrite, entre autres, une usine des produits laitiers et jus de fruits.

 

Par son histoire et sa situation géographique entre le Haut Atlas et l’Anti-Atlas à 80 km d’Agadir et de la côte Atlantique, Taroudant continue d’être une destination privilégiée pour les connaisseurs et appréciée des voyageurs. La population est avenante, les souks plus paisibles que ceux de Marrakech et les sentiers nous invitent à de belles excursions.

 

Les remparts de Taroudant font 7,5 km de long, 130 tours et 19 bastions d'angle en ont fait une citadelle redoutable. Ils comportent cinq portes d'entrée. Toutes ces portes sont voûtées en forme de porte mauresque, sont dominées par des tours bastionnées et par un chemin de ronde.

 

Aujourd’hui Taroudant est une ville paisible, traditionnelle, qui s’ouvre peu à peu au tourisme et au monde moderne mais souhaite conserver sa spécificité. Elle cultive la nonchalance autour d’une tasse de thé ou d’un « nouss-nouss » (moitié café-moitié lait).

 

Les chaleurs torrides de l’été font place le reste de l’année à une douceur bienheureuse, la luminosité très particulière y est appréciée par les artistes peintres ou photographes et inspire souvent les poètes.

 

Sous cette quiétude apparente Taroudant continue sa rébellion en refusant l’envahissement du tourisme de masse. C’est une ville bien ancrée dans ses remparts et ses traditions.

 

 

 

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